Die Flammen der Sonne der Ostermark (« Les flammes du soleil de l'Ostermark »)
Un bruit lointain et répété le tira progressivement de son sommeil.
Il s'agissait des roues de la carriole dans laquelle il avait pris place quelques jours auparavant qui frottaient le pavé irrégulier. Il entendit aussi des cris et des voix plus ou moins fortes qui se mêlaient au grincement du bois et au choc du métal du cerclage des roues sur les pierres. Certaines voix s'élevant juste à côté de lui et d'autres provenant de l'extérieur.
La lumière du jour perçait par les quelques fenêtres à barreaux de cet espace confiné, et à en juger par l'odeur et la chaleur qu'il faisait, le soleil devait déjà être à son zénith.
Tandis que le conducteur de la carriole poussa un juron étouffé, il ouvrit les yeux péniblement pour voir le casque en métal que sa main droite gantée tenait encore malgré son assoupissement.
Ce dernier était décoré de flammes jaunes fraichement peintes, blason de l'équipe dont il faisait dorénavant parti.
Cette vision le fit replonger dans ses pensées.
Il se souvint des étapes qu'il avait dû traverser avant d'en arriver là, de son père qui l'avait vendu pour quelques haricots...
D'abord il y avait eu cette magicienne un peu bouffie de l'ordre flamboyant qui avait débarqué dans son village quelques mois auparavant en criant à qui voulait l'entendre qu'elle voulait recruter une nouvelle équipe pour le jeu en vogue à la capitale qu'était le "Blood Bowl".
Puis il y avait eu toutes ces épreuves physiques dont beaucoup avaient eu raison des jeunes recrues. Hans Aplast, lui, avait su les passer avec succès. Il se rappelle encore du test le plus meurtrier. Celui pour lequel toutes les bottes des prétendants joueurs avaient été remplacées par des chaussons de pailles. A l'autre bout du terrain, se trouvait un abreuvoir.
Après avoir été mis en ligne avec ses camarades le long de la ligne d'embut du terrain, le coach avait mis le feu à la paille qu'ils avaient aux pieds.
Les premiers qui atteignaient l'abreuvoir, et qui sauvaient par la même occasion leurs jambes, avaient l'honneur d'intégrer l'équipe.
Un râle et le claquement violent de chaînes le tira subitement de ses pensées. Il leva la tête instinctivement pour voir en face de lui une forme monstrueusement humaine, dont les pieds et les poings avaient été attachés, qui manifestait son impatience. Il s'agissait de Thomas Todonte, un Ogre récemment recruté par le coach. Il était doté de plaques d'armure et d'un collant, visiblement trop petit pour lui, décoré des mêmes flammes qui ornaient les tenues de tous les hommes présents dans la carriole.
Hans était tout à fait réveillé maintenant et décida de jeter un oeil par ce qui faisait office de fenêtre au dessus de sa tête. Il se leva et se retourna en essayant de garder l'équilibre, prenant appui sur le banc sur lequel il était assis l'instant d'avant, il agrippa un barreau et se hissa juste assez pour sentir une légère brise sur ses joues. Tandis que son nez fut saisi de la puanteur de la rue; un mélange de bouses de trolls, de relents de déjections d'orcs transpirants et une petite odeur de mort qui accroche...
Une fois ses yeux accoutumés à la lumière vive du soleil, il aperçut les arcades de l'immense arène qui dépassait le toit des maisons au loin. Il pouvait maintenant aussi percevoir de plus en plus nettement les clameurs d'une foule en délire. Ils étaient enfin arrivés, lui et son équipe de Blood Bowl, les «Flammen der Sonne der Ostermark », à la grande, la vicieuce, la belle Lutèce...